Que mon regard se trouble... que je vieillisse,
Que mon poids soit double... que mes membres faiblissent,
Que j'aie trop de rêves... jamais réalisés,
Que mon soleil se lève... sur un regard blasé,
Que j'aie l'oeil qui larmoie... quand ton regard frise,
Que je tremble d'emoi... à chacune de tes bises,
Que mes aubes claires... ressemblent à mes soirs,
Que je doive taire... mes quêtes sans espoirs,
Que je tremble de rage... face à mon miroir,
Lorsque je vois l'image... qu'il ose me faire voir,
Que ça me plaise ou non... qu'un vilain engrenage,
Transforme en guenons... les belles de mon âge,
Tout ça, je l'encaisse... quelle que soit ma douleur ,
Mais là où le bât blesse... c'est quand je vois ma fleur
Souffrir, mise à mal... par les ans qui passent,
Perdant ses pétales... qui, un à un, cassent,
Quand je la vois souffrir... de n'être plus la même,
Alors l'acte de vieillir... cet horrible blasphème,
Me semble le pire... de tous les anathèmes.
Toute décrépitude... Après la floraison,
Est un coup très rude... porté à la raison.
Méchanceté gratuite... que ces vies éparses,
Qui sont ôtées trop vite... quelle horrible farce !
Le crépuscule de l'être... qu'on porte dans nos gènes,
Fait que l'acte de naître... n'en vaut pas la peine.